Manipulation des sondages

La particratie et la médiacratie semblent aussi manipuler les sondages...

LA LIBRE BELGIQUE

Coup de chaud autour des sondages

Martin Buxant

Mis en ligne le 30/10/2009

La RTBF et “Vers L’Avenir” n’ont pas eu connaissance de l’enquête remettant le PS en pole position en juin dernier. La RTBF réglemente l’usage des sondages politiques.

Jeudi, "La Libre" évoquait "un sondage politique qui n’avait jamais été publié" par la RTBF et le journal "Vers l’Avenir" et réalisé par l’Institut Dedicated Research. Au vrai, il y a deux sondages distincts qui ont été réalisés par cet organisme et qui n’ont pas été publiés : un "refresh" et une "expérimentation" à usage interne.

- Primo. La RTBF et "Vers l’Avenir", sur recommandation de l’Institut de sondage Dedicated Research, ont pris la décision de ne pas publier un sondage - un "refresh" - car, expliquent-ils, celui-ci différait très peu de la vague de sondages qu’ils avaient présentés en commun durant trois semaines avant les élections. La seule différence notable avec la vague d’enquêtes précédentes est qu’il pointait Ecolo en tant que premier parti francophone (à 27 points).

- Secundo. Ni la RTBF ni le journal "Vers L’Avenir" n’ont eu connaissance de l’ "expérimentation" menée par Dedicated Research quelques jours avant les élections et qui replaçait le Parti socialiste comme premier parti francophone devant le MR. Cette enquête à usage strictement interne réalisée par Internet - et dont le résultat se rapprochait le plus du verdict des urnes - n’a pas été présentée aux responsables de la RTBF ni de "Vers L’Avenir", expliquent ceux-ci. "Jamais nous n’avons eu connaissance de cette enquête d’opinion-là", assure le directeur de l’information de la RTBF Jean-Pierre Jacqmin.

Thierry Dupiereux, rédacteur en chef de "Vers L’Avenir", explique : "Le refresh que nous n’avons pas publié confortait les tendances des trois semaines de sondage précédentes. Ecolo devenait le premier parti, mais l’échantillon était trop limité, et cela confortait donc les tendances précédentes. Nous avons jugé qu’il n’était pas utile de le publier. En revanche, poursuit Thierry Dupiereux, nous n’avons eu absolument aucune connaissance des résultats de cette enquête menée par Dedictaed Research".

Depuis les élections, la RTBF s’est dotée d’un dispositif qui l’empêchera à l’avenir de publier des sondages politiques trop près d’une élection. "Nous en avons beaucoup discuté en interne, avec les journalistes politiques, avec les responsables de cellules mais aussi avec notre partenaire du Crisp, explique Jean-Pierre Jacqmin, car nous avons donné des sondages qui se sont révélés inexacts au moment du vote. Nous nous sommes donné des lignes directrices pour les prochaines élections".

Les voici :

-La rédaction de la RTBF est aujourd’hui d’avis de ne plus diffuser, en période électorale, qu’un seul sondage politique 20 jours avant l’échéance du scrutin.

-Ce sondage devra absolument être réalisé sur un échantillon très significatif par rapport aux trois Régions : Flandre, Bruxelles et Wallonie. Le sondage devra être réalisé selon la technique du "face-to-face", mais il devra aussi avoir été réalisé sans redressement - ou "lissage". "Ceci permettra d’améliorer la qualité de nos sondages mais aussi de sentir l’évolution de l’opinion concernant les partis émergeants", dit Jacqmin.

Ces règles ont été approuvées début juillet par la rédaction de la RTBF, puis avalisées par le Conseil d’administration de la RTBF lors de sa séance du 2 octobre dernier.

"Les meilleures règles que l’on peut appliquer sont celles de la déontologie, pense le directeur de l’info ertébéen. Il n’y aura pas meilleur garde-fou que la déontologie que chaque média pourra s’appliquer à lui-même".

Et quid d’une loi - comme celle que propose le Parti socialiste ? A voir. "Rien n’empêchera, par exemple, TF1 qui veut progresser sur le marché belge de faire des sondages. Des lois, il en faut, mais dans ce cas de figure-ci, je privilégie la règle interne", termine Jacqmin.

Thierry Dupiereux, de son côté, estime que "les sondages sont un outil de mesure qu’il s’agit de traiter avec déontologie".

Jeudi soir, le CDH a indiqué vouloir persister dans sa volonté de légiférer par rapport aux sondages politiques.

Un commentaire sur le forum:

Clermont - Belgique

30.10.09 | 10h05

En mai 2009, un de mes amis, interrogé par téléphone par Dedicated Research, avait manifesté sa claire intention de voter R.W.F. (Rassemblement Wallonie-France). L'enquêteur lui a répondu que ce parti n'était pas repris sur sa liste et qu'il devait choisir un parti parmi cette dernière. Si ce n'est pas de la manipulation, ca !

De plus, cet Institut travaille également pour des partis et des personnalités politiques, notamment sur la conception de leur campagne. Ce qui fait douter de l'indépendance de Dedicated Research. Tout est sur leur site.

Et ne l'oublions pas: tant qu'on est en particratie, les sondages ne servent qu'à démontrer des déplacements de voix au sein de la particratie, les nouveaux partis n'y étant même pas repris.