La question est: l'Ukraine pourra-t-elle rejoindre l'Union européenne? Sans la tendance du président actuel, cela me semble très difficile.
LA LIBRE BELGIQUE
Ukraine | L’élection présidentielle
Une campagne du "moindre mal"
Boris Toumanov
Mis en ligne le 21/10/2009
La Russie se garde bien de s’immiscer dans un scrutin aux enjeux économiques.
Correspondant à Moscou
La campagne présidentielle vient de démarrer en Ukraine pour aboutir, le 20 janvier prochain, au premier tour des élections. Parmi une bonne vingtaine de candidats, on ne retient que quatre noms dont deux seulement sont envisagés comme ceux de vainqueurs potentiels. Il s’agit de Victor Ianoukovitch, leader du Parti des régions (27 % des intentions de vote), et de M me Ioulia Timochenko, actuel Premier ministre et leader du Bloc de Ioulia Timochenko (17 % des intentions de vote).
Avec une cote de popularité qui ne dépasse guère 3-4 %, le président sortant, Victor Iouchtchenko, n’entreprend visiblement qu’un "combat pour l’honneur", les miracles n’étant pas de ce monde. Quant au jeune Arseni Iatseniouk, ex-speaker de la Rada suprême (le Parlement ukrainien), il a réussi à décevoir son électorat qui, l’été dernier, lui donnait encore 15 % des voix, mais dont il n’a plus actuellement qu’une triste moitié.
Par contre, ce qui est certain dans cette campagne présidentielle, c’est le fait qu’à la différence des précédentes, elle a totalement perdu un caractère idéologique, lequel a cédé la place aux facteurs économique et social. Cela veut dire que, cette fois, les Ukrainiens se réfèrent au principe pragmatique "du moindre mal", ce qui exclut toute récidive d’une "révolution orange" ou de toute autre couleur.
Toutefois, c’est surtout la stable confiance des Ukrainiens dans les vertus de la démocratie électorale qui semble représenter une garantie contre des excès "révolutionnaires".
D’autre part, le "facteur russe" est actuellement beaucoup moins présent dans les manœuvres électorales et cela, pour deux raisons essentielles. Echaudé par le fiasco total de son intervention trop ostensible dans la campagne présidentielle de 2004, Moscou préfère actuellement se tenir à l’écart des batailles électorales en Ukraine. Cela à plus forte raison que les deux favoris de la course - M. Ianoukovitch et Mme Timochenko - passent pour des interlocuteurs pragmatiques et donc acceptables pour le Kremlin.
Il n’en demeure pas moins que le futur président ukrainien sera condamné à gérer des problèmes aussi épineux que le transit du gaz russe vers l’Europe et surtout le sort de la base navale russe à Sébastopol, en Crimée, qui doit être évacuée par l’armée russe en 2017. Sur ce dernier point, Moscou entend visiblement exploiter le soutien de la population généralement anti-occidentale et prorusse de la presqu’île qui réclame le retour de la Crimée sous la juridiction de la Russie (elle avait été "offerte" à l’Ukraine par Khrouchtchev en 1954).
C’est dans ce contexte que l’Union européenne a cru utile d’entreprendre une tentative de renverser les sentiments des autochtones en investissant, à partir de l’année prochaine, douze millions d’euros dans "l’initiative commune de coopération en Crimée", tout en espérant avec le plus grand sérieux que ce geste suffira à séduire la population locale. Or il faut complètement ignorer les réalités de la Crimée pour croire que cette modeste "inoculation" du bon argent européen pourrait amadouer la majorité farouchement prorusse de sa population.
Comme on ne peut pas soupçonner d’ignorance la bureaucratie européenne, force nous est de conclure qu’elle n’a agi, en l’occurrence, que par acquit de conscience.