Milquet veut changer le monde

Mais commence par la Belgique, ma fille !

LA LIBRE BELGIQUE

Joëlle Milquet: "Il faut repenser notre système"

Martin Buxant

Mis en ligne le 06/03/2010

Le CDH lance, dimanche, sa “Planète humaniste”. “Il faut sauver la planète… Mais aussi les humains qui s’y trouvent !”, avertit la présidente Joëlle Milquet. Le CDH se réunira en congrès à Bruxelles, ce dimanche, pour lancer le processus "Planète humaniste". Décryptage avec la présidente Joëlle Milquet.

En quoi consiste l’opération “Planète humaniste” ?

On est à un moment charnière de toutes les mutations de société, on doit faire face à un choc démographique, à un choc économique - on doit redessiner une économie durable et humaine. Nous sommes face au choc de l’interculturalité, de la diversité, on doit redéfinir des nouvelles solidarités, on a des défis environnementaux et de gouvernance qui nous attendent. Nous sommes réellement, aujourd’hui, à la croisée de tous les défis et de toutes les mutations. Et cela demande qu’on prenne vraiment le temps qu’on analyse cela pour y apporter des réponses en profondeur Nous sommes la génération qui connaît l’addition la plus importante de défis majeurs. Nous sommes des responsables politiques et nous avons le devoir d’appréhender tous ces enjeux. C’est à tout cela que l’opération "Planète humaniste" va tenter de répondre

C’est donc une réflexion à long terme que lance, ce dimanche, le CDH ?

Oui, mais pas uniquement. Nous entendons clôturer notre réflexion à la fin de l’année prochaine avec des décisions très concrètes. On veut préparer la société de l’après-crise et c’est vrai que cela demande une partie de travail prospectif avec les universités, avec les gens de terrain notamment. On est au cœur d’une stratégie pluriannuelle qui dépasse les gouvernements, qui dépasse les niveaux de pouvoir et qui dépasse les partis politiques. On veut installer ce nouveau système de politique humaine et sociale, on veut réussir la transformation de notre économie vers les emplois verts, c’est ce lancement-là qui est au cœur de notre projet humaniste. On veut prendre un temps d’arrêt pour réussir cela.

Mais, concrètement, comment allez-vous procéder ?

Un projet sera rédigé, on va procéder via des forums, des rencontres, des réunions, le tout sera suivi par notre centre d’études et encadré par un comité de pilotage où se retrouvent différents universitaires. On va égrener l’année de rencontres thématiques. On va notamment tenir un congrès sur le pacte démographique qui traitera, par exemple, des pensions, de l’allongement de la vie, etc. Vers janvier de l’année prochaine, l’objectif est d’avoir mis notre projet de société sur papier.

Ce travail est-il effectué dans la perspective des élections de 2011 ?

Il y a une partie de notre réflexion qui est faite pour l’horizon 2020, mais évidemment les cinq prochaines années doivent être déclinées concrètement. Nous ne serons pas déconnectés de la réalité. Mais au-delà, nous voulons vraiment travailler à l’émergence d’un nouveau système. Nous voulons ancrer le pays dans une nouvelle dynamique priorisée et hiérarchisée autour de quelques axes clés et des valeurs essentielles comme l’humain ou l’alliance entre l’environnement et l’emploi. Tout cela doit converger avec une coordination des politiques, il faut une gouvernance beaucoup plus resserrée et ambitieuse - notamment au niveau européen. Je pense que nous sommes arrivés à l’épuisement du système de l’après-guerre, et on doit redéfinir avec ambition et radicalisme notre modèle. Il faut remettre l’humain au centre de nos préoccupations !

Pourquoi avoir choisi ce concept de “Planète humaniste”, est-ce pour ennuyer Ecolo ?

Non ! Autant les thématiques environnementales doivent être portées avec force, autant elles ne suffisent plus désormais ! Il faut sauver la planète, oui. Mais il faut aussi sauver la civilisation qui se trouve sur cette planète. Tous ces thèmes humanistes clés doivent se réimposer à l’environnement et à l’économie.

Comme chantaient Alain Delon et Dalida, "Paroles paroles..."