Pierre Bouillon dans Le Soir le dit bien:
Une victoire électorale un rien… excessive
posté le 16 juin 2010 | catégorie les chroniques
Il paraît, d’après un proche, qu’il n’a pas ri une seule fois de la soirée électorale. Rien. Egal comme la ligne d’horizon.
Rien d’étonnant à cela. D’abord, et contrairement à ce que suggère sa physionomie générale, l’homme n’est pas jovial. Ensuite, un leader politique qui a rendez-vous avec l’Histoire (ou avec les histoires qu’il se raconte, peu importe), ça ne se bidonne pas. Ça reste droit, ça reste grave.
Il y a enfin, et surtout, que cet homme est inquiet. Il sait que le plus beau moment de sa carrière est désormais derrière lui. Le plus beau jour de sa carrière, c’était le 13 juin 2010, quand la N-VA a raflé 27 sièges à la Chambre. De Wever sait que c’est un pic qu’il n’atteindra plus jamais.
Cette victoire écrasante est… excessive. Sous 20 %, la N-VA pouvait chanter victoire et, à la première occasion, se défiler pour laisser la main à d’autres partis. Ses 25 % ont verrouillé le jeu en pulvérisant toute alternative. L’examen des coalitions possibles signale que, pour contourner la N-VA, il faudrait que la majorité gouvernementale, côté flamand, fédère… CD&V, SP.A, VLD et Groen. Rien que ça. Notez : pas impossible. Difficile à imaginer quand même. Deux options s’offrent dès lors au leader nationaliste. Petit a : la négociation aboutit. C’est-à-dire que De Wever aura osé décevoir son électorat indépendantiste et, dans un autre registre, accepté, lui, le droitier à la droite de la droite, de composer avec le PS wallon. Petit b : il échoue. A moins d’oser le monstre politique évoqué plus haut, on retourne aux urnes et Bart subit le sort que l’électorat a infligé au CD&V, le parti qui avait promis, promis, promis… en l’air.
Allez donc rire de cette victoire, si clairement enceinte de cruelles désillusions.
PIERRE BOUILLON