On connaît cette histoire maffieuse avec André Cools et Wilfried Martens dans les rôles principaux...
Le fédéralisme linguistique est une page très noire de l'histoire de la Belgique.
LE SOIR
L'histoire des réformes de l'Etat belge
JEAN-FRANCOIS LAUWENS
mardi 19 mai 2009, 10:14
Ce mardi soir, la RTBF et la VRT diffusent la première partie de "Un pays inachevé", une coproduction qui retrace la « Saga Belgica » des réformes institutionnelles de l'État belge depuis 1945 jusqu'à 2009.
L'histoire des réformes de l'Etat belge
Jos Bouveroux (VRT, à gauche) et René Campé (RTBF, à droite) ont parcouru de nombreuses heures d’archives pour mettre au point cette passionnante « Saga Belgica ».
« Un pays inachevé » est diffusé sur la Une ce mardi à 20 h 25. Le film se découpe en quatre parties de 30 minutes recouvrant la période 1945-2009. Voici les grandes lignes de chaque épisode.
« Une frontière linguistique définitive ? » A la Libération, le sentiment national est réel mais, rapidement, la Guerre, plutôt que de rapprocher les communautés, les sépare : c'est le débat sur la Collaboration et l'amnistie puis la Question royale (1950). La Guerre scolaire (1955-1958) puis les grandes grèves de l'hiver 60-61 accroissent le fossé culturel, sans parler évidemment des Marches flamandes sur Bruxelles. Avec Sidmar, la Flandre devient aussi plus industrielle que la Wallonie qui était jusque-là plus prospère. En 1962, la frontière linguistique est fixée de manière définitive selon les Flamands. Le régime des facilités est instauré malgré l'opposition flamande.
« L'Etat unitaire est dépassé. » Dans les années 60, la crispation communautaire se marque par l'affaire de Louvain (« Walen buiten », 1968). En 1970, le Premier ministre Gaston Eyskens conclut : « L'Etat unitaire est dépassé. » La première réforme de l'Etat crée les Communautés et les Régions. En 1977, le Pacte d'Egmont se profile comme un grand accord mais est déchiré par les partis flamands.
« En route vers le fédéralisme. » La réforme de 1980 laisse Bruxelles au frigo. La sidérurgie wallonne agonise et la Flandre ne veut plus l'aider. La vie politique est polluée par José Happart et le carrousel fouronnais. En 1993, c'est le tournant : la Constitution dit que désormais « la Belgique est un Etat fédéral ».
« Vers la séparation ? » Le Parlement flamand vote des résolutions très dures. En 2005, l'accord sur BHV échoue à cause des partis communautaires. Depuis les élections de 2007, c'est le chaos. Et demain ? Trois hypothèses : la réforme permanente, le confédéralisme ou la séparation.
ENTRETIEN
Pour le compte des deux radios publiques, Jos Bouveroux (VRT) et René Campé (RTBF) se sont croisés quotidiennement au 16 rue de la Loi. Aujourd'hui, ces deux sages de la vie politique belge se réunissent pour proposer Un pays inachevé, un film en quatre parties, écrit par Jos Bouveroux, réalisé par Jean-Pierre Coppens et présenté par Jacques Bredael, qui retrace la « Saga Belgica » des réformes institutionnelles de l'État belge depuis 1945 jusqu'à 2009.
Quelle était votre démarche à l'origine de cette série ?
Jos Bouveroux : Nous nous sommes demandés ici à la VRT comment cela se faisait que le séparatisme ou l'indépendance n'étaient plus un tabou pour une minorité croissante de l'opinion flamande, tout en rappelant que l'immense majorité des Flamands sont opposés à cette idée. On a voulu montrer que, au contraire de l'impression que l'on a depuis les élections de 2007, la Belgique a toujours été un modèle de cohabitation que l'on admire dans le monde entier et que les hommes politiques y ont toujours été capables de trouver une solution raisonnable. Ce n'est pas un hasard si nous avons diffusé cette série à quelques jours d'élections régionales : c'est aussi un message à l'opinion et aux politiques, pour leur montrer que, malgré une histoire mouvementée, ce modèle a toujours fonctionné, avec une réforme de l'État tous les dix ans. Le fait que les deux télés publiques puissent collaborer de la sorte sur un sujet aussi sensible n'est pas un message anodin non plus.
On dit souvent que l'on est au comble de la crispation communautaire or votre film montre la violence de la rue lors de la Question royale, des grèves de 60, des Marches sur Bruxelles…
J. B. : La grande évolution, c'est que, il y a 40 ans, on avait une opinion publique passionnée par ces questions, qui manifestait par centaines de milliers, pendant que les politiques travaillaient en secret à un compromis. Aujourd'hui, c'est l'inverse. La population se moque un peu de la question et les politiques s'invectivent en ayant l'œil rivé uniquement sur les échéances électorales. Il n'y a plus de projets précis de la part des politiques, ce sont les universitaires qui se substituent à eux pour avoir une vision à terme.
René Campé : Une des raisons pour lesquelles les politiques du nord et du sud du pays en sont arrivés là, c'est, outre le fait qu'on ne s'informe plus sur l'autre communauté, qu'ils ne se connaissent plus. Ils siègent à Namur ou au Parlement flamand alors qu'avant, ils se rencontraient au Parlement fédéral. Il n'y a donc plus la confiance en négociations, voire le respect que s'inspiraient des gens aux idées diamétralement opposées.
Vous formulez, dans le quatrième épisode, les hypothèses pour le futur. Comment le voyez-vous pour votre part ?
J. B. : Je suis optimiste. Je crois que les politiques vont tirer les leçons du passé récent, comprendre qu'on ne peut pas tout avoir, et que, après le 7 juin, on pourra négocier calmement et discrètement le grand accord qui puisse satisfaire tout le monde. Il me semble clair que, après la rupture avec la N-VA et avec des hommes comme Van Rompuy, Peeters ou Van Ackere, le CD&V a fait le choix du compromis et du niveau fédéral. Or, c'est la première fois que, lors d'une campagne, on parle de renforcer et de refinancer le niveau fédéral.
R. C. : Même si on est toujours à la merci d'un incident qui dégénère, il faut un accord global mais il ne faut jamais penser qu'il est final ou définitif. En y incluant beaucoup de matières, on a plus de chances d'aboutir à un compromis.