Les médias parlent beaucoup de Schiltz entretemps, mais cette comparaison avec BDW est-elle bien justifiée? Je ne pense pas et Maingain pense de même.
LA LIBRE BELGIQUE
"Nous verrons jusqu’où la N-VA sera fréquentable"
Francis Van de Woestyne
Mis en ligne le 16/06/2010
Le président du FDF ne croit pas trop à la main tendue par Bart De Wever. Il avance masqué. Il ne renoncera pas à son objectif essentiel : le séparatisme.
Entretien
Olivier Maingain, le président du FDF, nous livre son analyse de l’élection du 13 juin dernier.
Comment expliquer les performances différentes entre les candidats MR et FDF ?
Les résultats à Bruxelles sont inférieurs à nos résultats antérieurs, mais nous sommes au niveau, considéré comme très bon, de 1995 lorsque la fédération PRL-FDF s’est créée.
Mais il y a une différence entre PRL et FDF…
Le climat institutionnel a pu braquer les projecteurs sur la tête de liste. Déjà aux élections communales de 2006, les candidats bourgmestres FDF s’étaient très bien comportés. Aux régionales aussi. Malgré le recul, je crois que nous avons réalisé des gains électoraux dans un public qui, précédemment, ne votait pas pour le MR. La crise institutionnelle a amené des électeurs à participer à une prise de conscience francophone et bruxelloise. Il faudra fidéliser les apports nouveaux. Les sondages ont aussi jeté le trouble, notamment en annonçant un PP à près de 9 %.
Le FDF est-il plus social, plus sensible à des électeurs “nouveaux Belges” ?
Il y a une tradition FDF d’ouverture à des personnes issues de l’immigration. C’est un travail que nous souhaitons amplifier. Beaucoup de personnes, d’origine étrangère, ne souhaitent pas s’inscrire dans une sorte de dépendance à l’égard du PS.
Souhaitez-vous poursuivre votre implantation en Wallonie ?
Je salue le très bon score de Didier Gosuin au Sénat. Il y a parité des voix en provenance de Bruxelles et de la Wallonie. C’est intéressant, alors qu’il a un profil très bruxellois. Cela confirme qu’il y a un électorat wallon qui souhaite s’identifier au FDF, au sein du MR. Nous avons un apport spécifique en Wallonie qui se fera au bénéfice du MR. Nous continuerons.
Certains libéraux vous considèrent plutôt comme un concurrent…
Nous captons des voix qui, sans nous, n’iraient pas au MR. C’est le cas à Bruxelles. Ce sera le cas en Wallonie, même si ce n’est pas dans la même proportion. Nous voyons le haut taux d’adhésion du FDF en Wallonie. C’est aussi dans l’intérêt du MR.
Alain Destexhe (MR) affirme que certains électeurs ont boudé le MR “à cause d’Olivier Maingain”...
Pffffffffffff ! Si je commence à faire le détail de gens qui ne voteraient pour le MR en présence de l’un ou de l’autre sur la liste Je vois, en tout cas, ce que ma candidature apporte au MR. Cela me semble bien plus considérable que les quelques déçus.
Certains disent aussi que certains ont boudé le MR à cause de Didier Reynders…
Soyons de bon compte : certains au MR ont passé beaucoup de temps à le miner. J’espère que cette page est définitivement tournée. Sa campagne a été très juste, très précise. Je souhaite que l’on cesse ce jeu qui vise à faire tomber les têtes, alors que nous avons besoin de tous nos leaders. De tous.
L’ère Reynders se termine…
Oui, il a l’élégance de tenir ses engagements. J’ose espérer que nous allons vivre un vrai débat de fond et de doctrine pour déterminer le meilleur candidat à la présidence.
Quel candidat soutiendrez-vous ?
Je n’ai pas à donner déjà ma préférence comme certains l’ont fait. Je voudrais d’abord que ceux qui se déclareront viennent nous expliquer comment ils comptent élaborer le message politique du MR, avec quel équilibre interne.
Vous serez candidat ?
Ce n’est vraiment pas mon objectif.
Le MR doit-il aller dans l’opposition ?
Si on ne nous demande rien, nous assumerons, avec force et dignité, notre rôle dans l’opposition. Mais si le pays devait être en danger parce qu’il serait confronté à la roublardise institutionnelle de Bart De Wever, qui voudrait nous attirer dans le confédéralisme et préparer l’indépendance de la Flandre, il est évident qu’un parti comme le nôtre devra prendre ses responsabilités.
Il semble plus accommodant…
Il joue au Raminagrobis tout patelin. Mais voyez ce qu’il dit d’un côté et ce qu’il promet de l’autre.
En Flandre, on affirme que le succès de la N-VA est dû aux refus répétés des francophones, au vôtre, en particulier.
Ce qui fait le succès de la N-VA, c’est la presse flamande. On va cesser le jeu où l’on cherche à culpabiliser les francophones. Si les francophones ont la capacité de tenir tête aux nationalistes flamands, c’est parce que, sans doute, il y a une presse flamande qui ne tient pas tête aux nationalistes flamands. Il y a une démission des élites, en Flandre, face aux nationalistes. C’est grave. Qu’on ne reproche pas aux démocrates francophones de le faire. Il y a une histoire du mouvement flamand qui n’en a pas fini d’empoisonner la vie politique belge et qui est encouragée par la presse et les milieux économiques. On a entendu beaucoup de responsables dire que la Flandre serait plus prospère et plus riche si elle était indépendante. Culpabiliser les francophones, c’est un jeu dérisoire.
La N-VA est un parti démocratique, il ne faut pas négocier avec elle ?
Sur le plan du strict respect des principes démocratiques, ce n’est pas le parti le plus exemplaire. Voyez le refus de nommer les bourgmestres. Voyez le ministre Geert Bourgeois qui a exclu les électeurs parce qu’ils ont fait leur demande, conformément à la loi, en français, auprès de postes diplomatiques à l’étranger On en reparlera. C’est un fait d’une gravité exceptionnelle.
La N-VA est politiquement incontournable…
Elle est nécessaire à ceux qui voudront faire des accords avec elle. Nous verrons, jusqu’où la N-VA sera fréquentable. Qu’il y ait ou pas d’accord, la cohabitation avec la N-VA sera difficile. La législature qui vient ne sera pas un long fleuve tranquille.
Au moins, les choses sont claires ?
Nous verrons si les francophones maintiendront comme condition préalable à un accord institutionnel la nomination des bourgmestres. Soit M. De Wever devra beaucoup reculer par rapport à ses prétentions confédéralistes et séparatistes, soit ce sont les francophones qui auront beaucoup reculé. Mme Milquet maintiendra-t-elle son exigence de lien territorial ?
M. De Wever tend la main…
Je ne crois pas que ce soit un homme spontanément conciliant. L’échec ne lui fait pas peur. Je trouve que cette espèce d’enthousiasme de lendemain d’élection, au PS, pour dire que la N-VA devient le parti le plus fréquentable, m’étonne. Je ne crois pas qu’il ait renoncé à ses objectifs essentiels. Il a, sans doute, l’habileté d’entraîner les francophones dans un processus confédéraliste sans le leur dire. Il avancera masqué jusqu’à un certain point.
Antoinette Spaak a négocié avec Hugo Schiltz…
Il y a un monde de différence entre les deux hommes. Schiltz était un nationaliste flamand. Mais c’était un fédéraliste sincère. Il n’était pas de la tendance la plus proche d’un passé noir du mouvement flamand. Je ne suis pas certain que Bart De Wever se soit totalement détaché de ce passé-là
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