L'argument privilégié des séparatistes flaminguants est d'accuser les "francophones" d'avoir "peur de plus d'autonomie". Lors d'une interview, un jeune nationaliste flamand au képi kaki s'étonnait : "la Wallonie est la seule minorité que je connaisse qui refuse son auto-determination". Cet argument s'est illustré récemment dans une campagne de pub organisée par la N-VA (séparatistes de droite néerlandophones) sur le sol de la Région Wallonne. Cette campagne de pub montrait un Coq Wallon (rouge, sur fond jaune) se posant divers questions comme "plus d'autonomie, moins de solidarité?", et remettant ainsi en cause l'unité nationale ou le fédéralisme belge.
La stratégie des séparatistes est clair, transformer l'idéal belge en une histoire d'argent, comme si la politique global de notre pays n'était qu'histoire de fric. Tristement, aujourd'hui, les "belgicains" répondent au mal par le mal. Rudy Aernoudt a tenté, dans son ouvrage "Wallonie-Flandre, je t'aime moi non plus" de soutenir l'existence de la Belgique avec des arguments majoritairement financier. Il y a quelques semaines, Herman de Croo publiait "België Barst ?" où là encore, les arguments utilisés étaient quantitatifs. A l'évidence, Rudy Aernoudt comme Herman de Croo (et beaucoup d'autre) ont brillamment dénoncé les mensonges des séparatistes, et des confédéralistes, à coup de chiffres, de tableaux et de statistiques. Je vous invite d'ailleurs à lire l'ouvrage, très court, d'Herman de Croo qui a confirmé celui de Rudy Aernoudt mais de manière plus vulgarisée, et plus simple à comprendre, pour les lecteurs, comme moi, peu initiés à la chose économique. J'ai utilisé l'adverbe "tristement" car je pense qu'il existe bien d'autres arguments que celui de l'argent.
Ainsi, il n'est plus question d'Etat, de société, d'histoire, de souveraineté, d'identité ou de culture. Le débat communautaire tourne aujourd'hui autour du blé, de la pepette, de la monnaie. C'est probablement la situation économique pitoyable du sud du pays (plus de 15% de chômage, près de 30% dans les grandes villes, sans oublier Bruxelles qui compte environ 20% de chômeurs) qui amènent plus d'un flaminguant à utiliser ces arguments simplistes.
Une chose est certaine, si ce sont là les dernières cartouches du mouvement séparatiste, je m'en réjouis. En effet, alors qu'aujourd'hui le Sud de la Belgique est un "boulet" pour le Nord, il n'en a pas toujours été ainsi et le vieillissement de la population néerlandophone va encore modifier la situation. La question financière est beaucoup plus volatile, plus rationnelle aussi, que les questions culturelles ou identitaires. De plus, ce même argument peut être ajouté à ceux qui "cadenassent" l'existence de la Belgique. Bruxelles draine aujourd'hui beaucoup d'emplois (surtout pour les habitants du nord du pays) ainsi que de grosses rentrées financières (avec l'U.E.) qui pourraient disparaître ou se réduire en cas d'éclatement. C'est l'un des arguments de de Croo.
Pour en terminer avec la campagne du parti de BDW dont parlait mon introduction, elle envoyait vers un site "prejuges.be". Quoi de plus paradoxale pour un parti qui utilise, tout le temps et partout, de manière officielle ou officieuse, des arguments clichés et stéréotypés.
David Charlier