Suffisament rare pour être signalé. D'habitude, on ne parle de BDW que pour en dire du bien.
source:RTL info
Bart De Wever et la N-VA étaient au centre du débat Controverse ce dimanche. Loin des louanges habituelles sur l'habileté médiatique de l'homme, 7 ministres d'Etat ont surtout stigmatisé le manque d’expérience de son parti dans les négociations, le fait qu’il n’a pas les pleins pouvoirs malgré son statut de président, mais aussi l’effet de mode autour de sa personne, qui pourrait retomber comme avec Yves Leterme.
Beaucoup pensent lire dans ses cartes une stratégie du pourrissement pour prouver par l’absurde que la Belgique est ingouvernable. Mais l'institutionnel cache depuis 6 mois la forêt: le socio-économique, où N-VA et PS risquent d'encore moins s'entendre. Alors que les marchés nous mettent la pression, un blocage couterait cher aux citoyens. Mais dans ce cas, l'électorat de De Wever pourrait se retourner contre lui.
02 Janvier 2011 22h05
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Comment des ministres d’Etat qui ont participé aux différents gouvernements du royaume depuis des décennies voient-il la Belgique de demain ? C’était le thème de Controverse, mais le débat a surtout concerné le présent et le futur proche du pays, avec des déclarations sans langue de bois, car à part Herman De Croo, aucun politicien autour de la table n’est encore actif. Sans le devoir de séduire les électeurs, les langues se délient plus facilement. « En tant que sages, nous avons quelques facilités car nous ne devons plus nous faire élire. C’est ça le problème aujourd’hui par rapport à notre époque : il y a tout le temps des élections importantes », expliquait Mark Eyskens (CD&V). Il s’agissait là du vrai point d’accord entre les 7 personnes présentes, le consensus pour stabiliser le pays: Il nous faut un parlement de législature, donc faire coïncider les élections fédérales, régionales et européennes afin de voter tous les 5 ans et d’éviter que les campagnes électorales non-stop pourrissent le bon déroulement de la politique en Belgique.
L’objectif commun d’arriver à un accord n’existe plus
Le débat avait commencé sur un parallèle entre l’époque des personnalités présentes et la situation actuelle. Une seule grosse différence est apparue : la N-VA ! « Nous appartenons tous à une génération qui s’est bien connue et qui se faisait tout de même confiance », commençait Willy Claes (sp.a), imité par Melchior Wathelet senior (cdH) : « A l’époque, on parvenait à toujours être tous mus par un objectif commun: arriver à un accord. ». Cet objectif commun, « c’est peut-être ce qui manque aujourd’hui », constatait Antoinette Spaak (FDF).
De Wever, l’homme au comportement politique inacceptable
Pour Philippe Busquin (PS), « le phénomène nouveau, c’est qu’il y a quelqu’un autour de la table des négociations qui n’a pas un objectif de construire une nouvelle Belgique. » Et d’ajouter : « Je trouve que c’est un peu effrayant que nous soyons tous autour d’une personnalité, dont je ne juge pas le comportement humain, mais dont le comportement politique est totalement inacceptable ! » Mark Eyskens (CD&V) le constate également : « Aujourd’hui, il y a ceux qui veulent moderniser la Belgique, et ceux qui veulent la détruire. »
Séparatistes ET inexpérimentés
José Daras (Ecolo), constatait lui « une énorme différence aujourd’hui par rapport à la Volksunie », l’ancêtre commun des partis séparatistes flamands : « C’est que nous avons un parti nationaliste autour de la table mais qu’il est totalement inexpérimenté. Il n’a aucune expérience des négociations. Il y a des règles, une forme de respect et de confiance, quand on s’est mis d’accord sur un texte on le défend, on ne change pas d’avis le lendemain… Et ce parti inexpérimenté est très fort et son but, il ne fat pas l’oublier, c’est la fin du pays. C’est de l’inédit. »
De Wever veut prouver que ce pays est ingouvernable en bloquant tout
Melchior Wathelet (cdH) remarque que la force électorale conférée à De Wever lui donne la force de tout bloquer : « Il veut profiter au maximum de cette conjoncture exceptionnelle, donc engranger tout. Peut-être que son plus grand intérêt est de démontrer sans révolution que le pays est ingouvernable, ce qui est finalement sa thèse. Il suffit de bloquer, de ne pas vouloir l’accord, tout en faisant semblant de négocier. Il y a une phrase de M. De Wever qui m’a frappé. Il a dit : ‘on ne va pas continuer les négociations à l’infini’. C’est la différence avec les autres crises: l’objectif était là. On pouvait y arriver. »
Il trouve toujours le moyen de remettre en cause les accords…
Le constat est donc là, plus de 200 jours de négociations, du jamais vu, pour rien ! « Depuis début septembre jusqu’à maintenant, la situation n’a fait que se détériorer. On a le sentiment que quand on approche d’un certain accord, M. De Wever change de sujet. Il parle de l’asile, d’autre chose. Sa stratégie, c’est la guerre de mouvement. On a le sentiment que quand on est prêt d’une possibilité d’accord, il prend un autre angle d’attaque pour remettre tout en cause », analysait Philippe Busquin (PS).
… à cause des ténors de son parti qui ont trop de pouvoir
Mais cette stratégie n’est pas une décision consciente de M. De Wever, elle résulte de la structure de son parti, où on se demande s’il a vraiment son mot à dire. « Quand on analyse le phénomène De Wever, c’est plus compliqué », nuance Willy Claes (sp.a). « Certainement, c’est un séparatiste. Mais on voit de plus en plus plusieurs tendances dans son parti. Il y a d’abord les anciens, les inconditionnels, les revanchards qui ne veulent pas de compromis du tout. Les Geert Bourgeois, les Freida Brepoels et autres. Et il y a la jeune génération, élue pour la première fois, qui estime tout de même qu’avec le mandat obtenu, il faut essayer de faire quelque chose, des pas importants dans leur sens en avant. Et cela explique en partie pourquoi à un certain moment De Wever accepte un compromis, puis il retourne dans son parti, constate une division et est obligé de revenir demander des amendements. » Pourtant, il est le président, et en théorie, c’est lui qui décide. En théorie…
Les Flamands pourraient se retourner contre la N-VA
Mais cette stratégie politique du pourrissement pourrait montrer ses limites. Le monde économique est inquiet et selon Mark Eyskens (CD&V), « si en pleine campagne électorale se déclenche une formidable spéculation contre la Belgique, dont les citoyens sont les victimes, alors l’opinion publique pourrait carrément s’inverser et sanctionner sévèrement les nationalistes-séparatistes. »
La N-VA, un simple effet de mode finalement
Herman De Croo (Open Vld), a sa propre théorie sur le succès actuel de ce parti qui bloque tout : « En 2009, la N-VA n’est que le 5ème parti de Flandre au parlement flamand. Un an plus tard, 36% des électeurs en Flandre changent d’opinion politique. C’est ce que j’appelle la 'hipe' (être à la mode, ndlr). On a eu ça avec Marc Verwilghen, personne ne sait plus très bien qui il est, avec Guy Verhofstadt, avec Steve Stevaert, avec Yves Leterme qui a fait 10.000 voix de plus que De Wever n’en fera jamais. La grande crainte de De Wever, il l’a dit à Der Spiegel, c’est : ‘Si je vais aux élections, je les perds si je fais quelque chose (un pas dans le sens des francophones) avant.’ La tête de la N-VA, 8 à 10%, est vraiment pour une république de Flandre et le séparatisme, mais le corps des électeurs est un corps de gens de centre-droit modérés qui ont voté contre un gouvernement qu’ils trouvaient incapable de solutionner les problèmes. »
Pauvre Bart !
« On finirait par avoir pitié de Bart De Wever. Il est pris dans une double impossibilité. La partie électorale institutionnelle et la partie électorale qui ne supporte pas l’idée de gouverner avec le PS. C’est ça le vrai problème, c’est le socio-économique. Il faut dire maintenant, fini, on imagine autre chose », ajoute pour sa part Antoinette Spaak (FDF). Alors face à ce nouvel écueil qui s’annonce à l’horizon, elle lance la question que tous les francophones se posent. « Il n’y aura pas de solution avec la N-VA. La crise va s’aggraver, les gens vont devenir de plus en plus inquiets sur leur sécurité sociale. Il y a de quoi être inquiet quand on entend les propositions de la N-VA quand même. Les Bruxellois sont très inquiets sur leur sort quand ils entendent les propositions de la N-VA. Alors pourquoi ne pouvons-nous pas proposer un gouvernement d’union nationale sans la N-VA, qui aborde les problèmes socio-économiques qui deviennent très graves ? »
José Daras (Ecolo), à la réponse : « Car tous les partis flamands savent que s’ils font ça en mettant la N-VA dehors, aux prochaines élections la N-VA va faire un carton. » Sauf si les Flamands voient leur niveau de vie baisser à cause de cette crise politique à rallonge qui fera plonger Belgique et donc Flandre sur les marchés financiers…
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