Koen Schoors: "Les travailleurs wallons paient pour les pensions des flamands"
Pour l'économiste flamand Koen Schoors, les transferts en matière de sécurité sociale ne se font pas seulement de la Flandre vers la Wallonie. Selon lui, "il est absurde de parler des transferts à travers la frontière linguistique".
Selon des propos rapportés par Knack et Le Vif, l’économiste flamand Koen Schoors, ne partage pas l’idée reçue selon laquelle, en matière de sécurité sociale, les transferts se feraient systématiquement de la Flandre vers la Wallonie
"C’est vrai qu’il y a un certain nombre de choses qui coincent au niveau communautaire", a déclaré ainsi Koen Schoors, professeur d’économie à l’université de Gand au magazine flamand Knack. "Mais ces blocages sont mineurs".
Selon lui, les problèmes liés à la sécurité sociale sont de même importance en Flandre et en Wallonie. Autrement dit, la Flandre pratique ce qu’elle reproche à la Wallonie mais d'une manière différente. "C’est l’hôpital qui se moque de la charité", souligne-t-il.
Il ne s'oppose pas au principe d’autonomie en lui-même car les choses sont bien souvent mieux organisées quand elles le sont localement mais remarque que l'autonomie excessive peut devenir gênante. "Pensez à la justice : la régionalisation causerait des problèmes de coordination importants. Ou prenons la sécurité sociale. On a toujours parlé des transferts présumés de la Flandre vers la Wallonie en matière de sécurité sociale. Mais la sécurité sociale c’est interpersonnelle, ça n'a rien à voir avec la Flandre et la Wallonie", explique-t-il.
"Des transferts sont envoyés aux malades par les travailleurs, aux chômeurs par les jeunes, etc. Il est absurde de parler des transferts à travers les frontières linguistiques."
Cette idée de transferts systématiques est un mensonge
Pour Koen Schoors, cette idée de transferts systématiques du nord vers le sud n’est pas une illusion, c’est un mensonge. "Cela a été répété si souvent que maintenant tout le monde pense que les Wallons sont paresseux. Mais dans notre pays, si vous tracez une ligne du nord au sud, d'est en ouest, ou en diagonale, il y aura toujours des transferts d'un côté vers l'autre."
Cependant, l’économiste flamand atténue son propos et reconnait qu’il y a "de véritables transferts de la Flandre vers la Wallonie qui siègent parmi d'autres dans le mécanisme de solidarité." "Mais il ne s’agit pas d’un forfait. Il est erroné de parler de transfert de la Flandre vers la Wallonie". Les travailleurs wallons paient aussi pour la retraite des Flamands, affirme-t-il.
Avec un certain humour, Koen Schoors conclut que "pour arrêter les transferts, il faudrait prendre tous les chômeurs, les personnes âgées, les malades et les mettre dans une région autonome à part."
Ph. Br. avec Le Vif