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| Subject: DEHAENE DECEDE - GESTORVEN Fri May 16, 2014 1:44 am | |
| Dehaene was een omstreden ex-premier van België. Dehaene était un ex-premier ministre controversé de la Belgique. LE SOIR Jean-Luc Dehaene est décédé
C.D.P., P. Bn et b. jeudi 15 mai 2014, 19h13
L’ancien Premier ministre est mort en France, à l’âge de 73 ans. Retour sur la carrière d’un homme d’Etat qui a marqué l’histoire politique belge.
Le CD&V suspend sa campagne jusqu’à dimanche soir
Kris Peeters et Wouter Beke ont convoqué la presse, ce jeudi en fin d’après-midi, dans la foulée de l’annonce du décès de Jean-Luc Dehaene. Ils ont rendu hommage à l’ancien Premier ministre chrétien-démocrate et salué un « homme de compromis » qui a brillé par son « engagement pour l’Europe, le pays et le parti ». Dans la foulée, les responsables du CD&V ont fait savoir qu’ils suspendaient leur campagne jusqu’à dimanche soir et qu’aucun mandataire du parti ne participerait aux débats politiques d’ici là. (Danaé Malengreau, st.)
C’est une figure politique incontournable de la fin du XXe siècle qui s’est éteinte. Le Parti populaire européen a annoncé ce jeudi en fin d’après-midi le décès de l’ancien Premier ministre, Jean-Luc Dehaene, qui était en séjour en France. Les circonstances exactes de son décès ne sont pas encore connues. On a d’abord parlé d’une chute. Mais selon la radio locale France Bleu Breizh Izel, il a été victime d’un malaise dans une biscuiterie de Briec, dans le sud-ouest de la Bretagne.
L’ancien Premier ministre, administrateur de Lotus jusqu’en mars 2011, était fatigué à son arrivée à l’usine Le Glazik du groupe Lotus Bakeries à Briec et la visite a rapidement été écourtée, a indiqué à l’agence Belga Marc Berger, le directeur de l’usine. Jean-Luc Dehaene se trouvait dans l’usine en compagnie de sa femme et d’un ami. « Sa visite était prévue depuis quinze jours », a précisé Marc Berger qui a accueilli le ministre d’Etat à son arrivée. « Il était fatigué et il a fait un malaise peu de temps après le début de la visite. » En accord avec son épouse, les responsables de l’usine ont alors mis fin à la visite et ont appelé une ambulance qui a rapidement emmené Jean-Luc Dehaene à l’hôpital de Quimper.
En mars dernier, il avait été opéré d’une tumeur au pancréas. L’opération s’était déroulée avec succès, avaient indiqué les médecins de l’UZ Brussel, où il avait été hospitalisé.
« Démineur », « bulldozer », « plombier »
Âgé de 73 ans (il est né le 7 août 1940 à Montpellier), celui qui fut tour à tour qualifié de « démineur », de « bulldozer » ou de « plombier » de la politique belge avait mis un point final à sa carrière politique en septembre 2013. Une carrière entamée tout jeune chez les scouts catholiques flamands. Diplômé en droit, il est passé par l’ACW, le mouvement ouvrier chrétien flamand avant de rejoindre la vie politique en tant que collaborateurs dans des cabinets ministériels CVP.
Jean-Luc Dehaene aura été un rouage essentiel des années Martens. Ici le gouvernement Martens VIII, en 1988. © D.R.
En 1981, il rejoindra le gouvernement Martens V comme ministre des Affaires sociales et des Réformes institutionnelles. Spécialiste du Meccano belgo-belge, aux talents de démineurs reconnus qui permettront notamment de réunir les conditions pour créer la Région bruxelloise, en 1989, toujours dans un gouvernement Martens. Après des élections législatives de 1991 catastrophiques pour le CVP de Wilfried Martens, Dehaene devient Premier ministre en mars 1992 et engage aussitôt la troisième réforme de l’État qui fera de la Belgique, officiellement, un « État fédéral. »
© Reporters.
En 1993, alors que la Belgique préside l’Union européenne, Jean-Luc Dehaene se fait remarquer par ses pairs européens et le président de la Commission européenne de l’époque Jacques Delors pour la qualité de son travail. Il manquera de peu la présidence de la Commission européenne… à une voie près : le veto britannique aura raison de lui. Dix ans plus tard, il acceptera de nous raconter les coulisses de cette négociation (notre archive).
En 1994, il est le favori pour succéder à Jacques Santer à la tête de la Commission européenne, mais John Major, Premier ministre britannique, mettre son veto. © D.R.
« Monsieur 3 % »
L’homme de Vilvorde effectuera deux mandats au « 16 » rue de la Loi. Sa popularité est grande (ce fin érudit a toujours réussi à faire « peuple »…) mais l’époque est ingrate : le Traité de Maastricht a engagé les pays européens à assainir et Dehaene s’y emploie de façon obsessionnelle (« Je ne connais qu’un chiffre ; c’est 3 %, serine-t-il à l’époque, en évoquant l’objectif fixé par l’Europe). » Cela lui sera fatal. Les années Dehaene sont marquées par de fortes secousses qui ébranlent l’opinion, (Dutroux, dioxine…). Alors à la barre, le CVP passe pour le parti déconnecté du présent, déconnecté des préoccupations citoyennes.
En 1999, le CVP perd les élections et est renvoyé dans l’opposition. Guy Verhofstadt prend la tête d’un gouvernement arc-en-ciel. © Belga.
C’était fatal : aux élections de 1999, le vieux parti chrétien coule et il vole dans l’opposition (avec le PSC). L’épreuve ne durera guère, au fond. Mais en 2007, quand le CVP revient au pouvoir, le parti a un nouveau nom (CD&V) et une nouvelle tête : celle d’Yves Leterme. Exit la vieille génération. « Francophones, le problème vient de vous », lance-t-il dans une interview au Soir.
Le pays s’embourbant dans la crise, Dehaene sera appelé au chevet du pays par deux fois (en 2007 pour former un gouvernement et en 2010 pour déminer BHV). Il échoue dans les deux cas, définitivement dépassé par une génération politique qu’il ne connaît plus et ne comprend plus.
Dexia, épisode noir
La chute de Dexia, épisode noir de la carrière de Jean-Luc Dehaene. © Belga.
La suite ne sera pas glorieuse. Dehaene est sorti très abîmé du naufrage de Dexia (dont il a présidé le CA de 2008 à 2011). « C’était Mission impossible… », reconnaîtra-t-il à regret un peu plus tard. Autrefois chéri par l’électorat, il passera pour un cumulard, accumulant les rentes à la fois dorées et imméritées.
Les coqs et le foot
Marié à Celia Verbeke avec qui il aura quatre enfants, Jean-Luc Dehaene amassa une volumineuse collection de coqs (de haan, en néerlandais) en tous genres, avant d’en vendre plus tard une partie au profit de bonnes œuvres.
A côté de la politique, le football était l’autre passion de Jean-Luc Dehaene, et plus particulièrement le Club de Bruges, dont il portait fièrement l’écharpe noire et bleue dans les tribunes du stade Jan Breydel où on le vit plus d’une fois s’enflammer.
Lors de la dernière interview qu’il nous a accordée, en avril dernier, Jean-Luc Dehaene se disait optimiste sur l’évolution de son cancer et lançait un message, en vue du 25 mai : « Ne gâchez pas les cinq ans que vous avez devant vous ! » (lire l’interview). Il ne saura jamais s’il a été entendu. | |
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