Avis aux attachistes: votre pays est en faillite !
LA LIBRE BELGIQUE
L’Etat français toujours plus en faillite
Bernard Delattre
Mis en ligne le 30/09/2009
"Les caisses sont vides" ? Oui, mais un budget en déficit comme jamais est approuvé ce matin à l'Elysée. Sarkozy coincé. La gauche à peine moins mal à l'aise.
Les caisses (de l’Etat) sont vides", avait déjà avoué Nicolas Sarkozy. "Je suis à la tête d’un Etat en situation de faillite", avait admis lui aussi François Fillon, regrettant gouverner "un Etat qui n’a jamais voté un budget en équilibre depuis 25 ans. Cela ne peut pas durer". Ne lui en déplaise, la grande crise internationale aidant, cette situation va encore durer, voire s’aggraver. Ce mercredi, d’ailleurs, en Conseil des ministres réuni à l’Elysée, le chef de l’Etat comme le Premier ministre valideront un projet de budget 2010 qui consacre l’entrée de la France dans une période de déficits d’une ampleur historique.
Les chiffres disent rarement grand-chose, mais là, en l’occurrence, ils sont vraiment éloquents. Ces dernières années, l’hexagone affichait bon an mal an des déficits publics annuels tournant autour d’une cinquantaine de milliards d’euros. Le budget 2010, qui est présenté au gouvernement ce mercredi, double carrément ces déficits. Ceux-ci dépassent désormais et, largement, la centaine de milliards, soit plus de 8 % du PIB, la dette devant atteindre elle plus de 80 % de ce PIB à la fin 2010. Sans oublier les quelques dizaines de milliards d’endettement supplémentaire prévus dans le cadre du "grand emprunt national pour les priorités stratégiques". Avec les 140 milliards de déficits déjà déplorés en 2009, grimaçait l’autre jour un grand quotidien financier, cela veut dire que "la moitié des dépenses publiques de l’Etat sont financées à crédit".
C’est "un budget volontariste et vert", a justifié François Fillon, ce week-end. Le Premier ministre a défendu un budget 2010 axé sur les mesures de soutien à l’économie et sur les investissements écologiques. Et a promis que l’Etat poursuivrait sa politique de réduction des emplois publics. "Pendant la crise, il fallait faire de la dépense publique, pour tenir", lui est venu en aide le patron des députés UMP, Jean-François Copé.
Dans les troupes parlementaires de ce dernier, cela dit, la discussion de ce budget sera houleuse. En effet, pour continuer à respecter ses vaches sacrées fiscales (baisse de la TVA sur la restauration, suppression de la taxe professionnelle des entreprises, "paquet fiscal", etc), le gouvernement n’a eu d’autres choix que de multiplier les annonces de mesures d’austérité déjà impopulaires dans les sondages. Outre la création d’une taxe carbone, les soins de santé seront à nouveau (un peu) moins remboursés, les indemnités versées en cas d’accident du travail pourraient être fiscalisées, voire l’assurance-vie (le placement chéri des Français : 1 200 milliards d’euros) être mise à contribution.
Le PS hurle. Contre "un budget surréaliste". Des déficits "irresponsables". Consacrant le prix "totalement insupportable" à payer pour le maintien d’une politique fiscale "inefficace économiquement et injuste socialement". Mais ce parti aurait de quoi être lui-même embarrassé par la pression fiscale et la pesanteur publique affolantes régnant dans les régions qu’il dirige. Et feint d’oublier que, si c’est le Plan de relance de l’économie qu’il préconisait qui avait été appliqué, l’Etat s’en trouverait vraisemblablement encore plus lourdement endetté, aujourd’hui comme demain.