source:letemps.ch (19/09/10) En gras: un extrait de mon blog.
«Aurons-nous un gouvernement d’ici septembre? A croire que oui...» Telle était l’espoir d’une parlementaire belge, le 20 juillet dernier. Plus d’un mois pourtant après les élections législatives, qui avaient vu le parti flamand de ligne dure, la NV/A, l’emporter au nord. L’élue disséminait son vœu sur Twitter, ces gazouillements politiques étant relayés par La Libre Belgique.
Au soir des élections, sur son blog, Elio Di Rupo, leader socialiste francophone, parlait d’une «belle victoire, étrange victoire». «Victoire» car en ces «heures d’incandescence», le PS gagnait des points en Wallonie. Etrangeté, «puisqu’au Nord du pays le nationalisme progresse et rend théoriquement plus difficile la formation rapide d’un gouvernement. Moi, ma priorité est de résoudre les problèmes socio-économiques des gens et de mettre en œuvre le plus vite possible le projet du PS. Il faudra donc pour cela franchir l’obstacle institutionnel. Je promets de faire le maximum, dans le respect de chacun et avec pour finalité la naissance d’une nouvelle Belgique, où chacune des trois régions pourra pleinement se développer st s’épanouir.»
L’incandescence a dû gagner encore quelques degrés: depuis lors, Elio Di Rupo n’a plus tenu son blog. Devenu pré-formateur du gouvernement, il a ensuite démissionné. Et on le sait, dans le première semaine de septembre, des ténors politiques francophones ont, pour la première fois, évoqué la scission du pays, tout au moins la nécessité de l’envisager à titre de «plan B». Pour Le Temps, Béatrice Delvaux, la rédactrice en chef du Soir, de Bruxelles, évoquait lundi «un ras-le-bol de ces tractations sans fin, une envie de mettre fin à un sentiment d’humiliation ressenti face aux reproches, aux revendications, aux ultimatums d’une certaine Flandre.»
Lundi, précisément, les négociations ont repris avec le meneur de la NV/A, Bart De Wever. «On n’y croyait plus», relèvent les royalistes sur leur blog. La discussion devrait se poursuivre lundi prochain, tournant, dans un premier temps, sur l’élaboration du budget et surtout – les partis lient les deux sujets – le degré de régionalisation des finances, dans le cas où un consensus institutionnel était effectivement trouvé.
Si le consensus fleurait le confédéralisme, les unitaires disent d’emblée leurs doutes: «Aux dires de certains, le fédéralisme belge permettrait d’avoir une identité régionale sans compromettre la nationale et permettrait un juste équilibre entre les deux. Force est de constater qu’on en est loin: il y a un net déséquilibre entre les deux, déséquilibre favorable à l’identité régionale [...]. Ceux qui dénoncent les dérives du quasi monopole de l’identité régionale sont littéralement moqués et vus comme des nostalgiques de la Belgique à papa. Pire: l’identité régionale est tellement banalisée qu’on peut en toute impunité s’en servir pour maquiller des motivations racistes. Peut-on réellement appeler ça un équilibre?»
Partisan du rattachement de la Wallonie à la France (une position très minoritaire), René G. Thirion écrit, à propos de la reprise des négociations: «Comme l’on sait que le Bart De Wever a des exigences très importantes alors que Di Rupo, acculé dans les cordes n’a que des demandes moins que modérées, la patte flamande risque se s’alourdir sur le pays. Encore une fois, un échange de droits supplémentaires contre des espèces sonnantes et trébuchantes. Un vice bien francophone, du fric, du flouze, du pèze, du blé et nous nous soumettons.» Et de conclure: «Le document présenté à la signature des francophones ressemblera diablement à une capitulation consacrant l’encerclement définitif de Bruxelles et un partage inégal entre citoyens flamands et wallons... En cas de scission ultérieure du pays, ce qui aura été pris du côté flamand ne pourra pas être remis sur la table pour le partage des quelques biens encore communs.»
Hébergé par Le Monde, un blogueur belge exilé à Belle-Isle-en-mer veut se faire pragmatique, mais aussi plutôt pessimiste: «C’est une évidence, l’éclatement de la Belgique sous une forme ou sous une autre posera de multiples problèmes juridiques au niveau européen, des problèmes sans précédent qui paraissent (quasi) insurmontables pour certains spécialistes du droit international. Mais, est-ce une raison pour laisser pourrir une situation sans issue?»
Si l’on n’a pas tout suivi, pas de panique, le site «En attendant la fin du monde» propose un piquant «bilan fédéral depuis 2007», sous forme de dessin alambiqué, ici. En attendant les prochains épisodes.