Le nom de l’ancien Premier ministre a été cité. Il a toutes les qualités pour revenir. Sauf une : il est plus populaire en Wallonie et à Bruxelles qu’en Flandre.
Ce n’est certes pas la première fois que son nom est cité. A vrai dire, chaque fois que la crise prend une tournure amère, que la confiance est rompue, qu’on cherche un homme d’envergure, un homme d’Etat pour renouer les fils du dialogue, on pense à lui. Normal. En 2007, c’est lui a réussi à relancer la machine, à rassembler des gens autour de la table de négociation alors que le pays était, comme maintenant, complètement bloqué. Paralysé. Figé.
Des qualités, il n’en manque évidemment. Homme de dialogue, franc, inventif, sympathique, drôle, cordial, fin négociateur, patient quand il le faut, ferme quand la situation l’impose Mais bon. Autant le dire tout de suite : il y a peu de chances que "Numero Uno", notre Guy national, reprenne du service. Et pourtant, certains y ont cru.
Dans "De Morgen", samedi dernier, Bart Eeckhout, le chef du service politique énumérait les raisons pour lesquelles le Roi ferait bien de retrouver le numéro de GSM de Guy Verhofstadt. Depuis huit mois, toutes les tentatives de former une coalition de gauche ont échoué, écrivait Eeckhout. Il faut essayer avec des partis plutôt de droite. Et vu la méfiance que Bart suscite au Sud et le peu d’appétence du CD&V de prendre ses responsabilités, il n’y a qu’un homme qui peut réussir ce tour de force : Guy Verhofstadt. D’ailleurs, concluait-il, il s’ennuie à l’Europe
Cette hypothèse a ses défenseurs. Certaines personnes assez proches de Guy Verhofstadt confient : "L’homme est vraiment meurtri par ce qui se passe dans son pays. Il est très touché au moral. Lui qui a dirigé le pays pendant huit ans enrage face à ce blocage. La dérive nationaliste de la Flandre l’inquiète vivement, lui qui a consacré son dernier livre au danger du nationalisme, qui guette toute l’Europe, du Nord au Sud. Ces débats sur l’identité nationale ou régionale, cela l’insupporte Si on le laissait faire, c’est sûr, il reviendrait. Ce n’est pas qu’il s’ennuie à l’Europe. Avec Cohn-Bendit, il dom ine les débats au Parlement. Mais pour ceux qui ont goûté à la politique nationale belge, c’est toujours grisant de se dire qu’on peut y revenir. Surtout quand on voit ce qui se passe."
De plus, il faut le reconnaître, Guy Verhofstadt a laissé d’excellents souvenirs à ceux avec il a gouverné, de 1999 à 2007. Du côté francophone en tout cas Elio Di Rupo à la présidence du PS, Laurette Onkelinx, Didier Reynders, Louis Michel au gouvernement Tous ont un excellent souvenir de ces deux gouvernements et de la manière haute en couleurs que Guy Verhofstadt avait de les diriger.
Cette idée de le faire revenir sur le terrain national, fût-ce pour une période déterminée, n’est pas vue avec le même enthousiasme au Nord. Mais alors là, pas du tout. A commencer par "les amis" de son propre parti. Au VLD, une ère nouvelle a commencé avec l’avènement de la jeune génération représentée par Alexander De Croo et Vincent Van Quickenborn. Ceux-là n’ont pas très envie de voir débarquer l’ancienne génération, même s’il s’agit de ramener les libéraux au pouvoir. Il n’y a pas qu’à l’Open VLD que cette hypothèse donne de l’urticaire. "Verhofstadt en Flandre donne toujours quelques mauvais frissons auprès de ceux qui veulent réformer l’Etat. Ne parlez surtout pas de lui au CD&V et encore moins à la N-VA. Pour eux, c’est à cause de lui que l’on n’a rien fait au niveau des réformes institutionnelles pendant huit ans. C’est le roi du frigo" , dit un Flamand. D’ailleurs, selon ces personnes-là, Guy Verhofstadt n’aurait aucune envie de se jeter à nouveau dans l’aventure belge
Evidemment, si telle était la volonté d’Albert II On pourrait quand même voir débarquer Guy Verhofstadt pour tenter de concilier l’inconciliable. Mais généralement le Roi et son entourage ont plutôt tendance à désigner des personnes consensuelles. Dommage pour Guy Verhofstadt. Dommage pour les Belges.
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