Comme je l'avais mentionné dans la discussion sur l'éventuel changement de nom de la Leopold II-laan à Oostduinkerke, je viens de terminer un livre intéressant sur Leopold II et sa politique au Congo:
Léopold II, entre génie et gêne van Vincent Dujardin.
Le livre est entre-temps paru en néerlandais et s'appelle
Leopold II, ongegeneerd genie?.
Aangezien ik het boek in het Frans heb gelezen, zal ik het in het Frans samenvatten omdat het voor mij gemakkelijker is qua exactheid van de gebruikte termen, mijn excuses aan de Nederlandstalige bezoekers van dit forum.L'auteur Vincent Dujardin, professeur d'histoire moderne à l'UCL, rebondit sur l'absence de festivités officielles à l'occasion du centième anniversaire du décès du deuxième roi des Belgese son décès (1909) et la polémique - toujours d'actualité - sur l'éventuel génocide qui s'est déroulé là-bas et l'implication de Léopold II dans celui-ci!
Dans le livre est brossé un portrait nuancé du souverain, un portrait à mi-chemin entre un philantrope et un bourreau, ce qui fait de Léopold II un personnage de génie, mais aussi un personnage gênant.
Au niveau national et même européen, le règne de roi Léopold II se caractérise par un essor (urbanistique, industriel, culturel,...) et des choix diplomatiques judicieux (p. ex. la neutralité pendant la guerre franco-prussienne, malgré des promesses de part et d'autre). Les seules critiques de son vivant portent sur sa vie privée, ses aventures, ses enfants illégitimes,...
Léopold II était un roi ambitieux, un peu trop sans doute, et voulait rendre la Belgique plus grande, plus belle, plus prospère. Dans son esprit, le prestige de la Monarchie dépend du prestige de la Belgique et vice versa. Beaucoup de politiciens de son époque et autres conseillers lui ont déconseillé l'aventure congolaise, parce que trop coûteuse.
En 1895, on estime que 2/3 de la fortune personnelle du Roi a été englouti dans la colonie. Il est pratiquement ruiné. Et puis, c'est une invention un peu farfelue qui lui permettront d'amortir ses dépenses: la voiture!
Pour rouler, une voiture a besoin de pneus. Les pneus sont fabriqués à base de caoutchouc et justement le Congo en regorge, de cette matière première. l'aventure congolaise est désormais rentable et Léopold II va exiger que la rentabilité accroisse. Cette demande croissante de rentabilité devient un des facteurs favorisant les exactions.
Beaucoup d'indigènes sont contraints de travailler pour les blancs. Comme dans certaines régions reculées, les blancs règnent en maître absolu, les populations locales subissent certaines formes de répressions si la production est jugée insatisfaisante. Dans un territoire grand comme 80 fois la belgique, l'administration était insuffisante et insuffisamment contrôlée.
Dès lors, on peut se poser la question: Léopold II, qui n'a jamais mis les pieds au Congo, était-il au courant de ce qui s'y passait?
Il s'avère que le Roi et ses collaborateurs avaient connaissance de certaines exactions ou de faits de violence. Des documents attestent que le Roi a lancé des appels pour que les choses changent, mais ses demandes n'aboutissent pas sur le terrain, tojours parce que l'administration sur place est inappropriée pour une si grande superficie.
Dès lors, le Roi se trouve piégé entre deux demandes cotnradictoires: il veut que cessent les violences mais, en même temps, il demande toujours plus de rentabilité.
Selon l'auteur, c'est le seul point où sa responsabilité peut être engagée. Ces demandes contradictoires ont contribué à augmenter l'ampleur de la violence.
Faut-il en conclure que toutes les violences sur place sont dues à Léopold II? Non, répond l'auteur. Plusieurs autres facteurs interviennent: par exemple les guerres tribales ou certaines maladies qui, par manque de soins, nécessitaient des mesures hâtives mais efficaces.
L'auteur cite par exemple les photos d'indigènes dont les membres sont coupés. Il y a certainement eu des exactions de la part de blancs, mais certaines de ces photos ont été mal interprétées (volontairement ou non). En faisant une recherche sur le contexte de la photo, l'auteur a découvert que certaines personnes avaient été amputées à des fins médicales. Il ne s'agit donc pas toujours d'Africains mutilés par des Européens.
L'auteur récuse également l'attitude moralisatrice et les chiffres avancés par certaines autres ex-puissances coloniales. Il y eut également des exactions en Afrique équatoriale ou l'Afrique du Sud... et explique qu'à l'époque, à cause du déterminisme scientifique et du nationalisme, la vie d'un Africain ne valait pas celle d'un Européen. La vision du monde à cette époque (fin 19e siècle - début 20e) diffère radicalement de la nôtre maintenant. Quant à la véracité desdits chiffres, il émet de sérieuses réserves, pour la simple et bonne raison que l'on ne dispose d'aucune statistique sur la population congolaise de l'époque. Il n'est cependant pas à exclure qu'il y a eu une diminution de la population, mais plusieurs facteurs entrent en ligne de compte: exactions, guerres tribales, épidémies,... et il est à ce jour difficile de déterminer quel facteur a été prépondérant.
Enfin, pour les raisons susmentionnées, l'auteur estime que le terme "génocide" n'est pas applicable aux abus de l'époque coloniale, puisqu'un génocide implique la volonté délibéré d'éradiquer une population, ce qui n'a jamais été le souhait ou le projet de Léopold II.