Par Fabrice Grosfilley dans decryptage , le 24 janvier 2011 09h01
Dimanche soir, Elio Di Rupo s’est exprimé sur RTL-TVI. Un message qui se voulait déterminé, à la fois sur la forme et sur le fond. Sur la forme d’abord on a vu un Elio Di Rupo, qui malgré une voix cassée, paraissait plus volontariste, plus agressif même que celui des dernières semaines. C’est un peu un changement de posture. Après l’homme d’état, très diplomate et inlassablement optimiste, qui ménage les négociateurs flamands, N-VA en tête pour permettre un accord, c’est davantage le président du PS et représentant des francophones qui s’exprimait hier soir. Un changement de ton qu’il faut souligner.
Sur le fond maintenant, le président du PS a commencé par dire qu’il comprenait les manifestants. Nous continuons à négocier. J’espère que la manifestation pourra montrer qu’il y a des dizaines et des dizaines de millier de personne, et même des millions de belges qui souhaitent maintenir le pays dans son unité. Mais au delà de cette affirmation “je comprends les manifestants”, Elio Di Rupo a surtout insisté sur les raisons du blocage. Pas question d’accepter un accord où les Wallons et les Bruxellois seraient moins bien traités que les Flamands. Il n’y a pas de raison qu’il faille demain payer plus d’impôt à Bruxelles et en Wallonie pour bénéficier de la même protection contre le chômage ou des mêmes soins de santé. Elio Di Rupo s’est même montrer très ferme sur la question, il a répété l’argument à 2 reprises et on notera qu’il a englobé au passage les francophones des cantons de Hal et Vilvorde.
Grande tension
En clair, Bart De Wever avait appelé, samedi soir lors de ses vœux à la presse, à dire qui acceptait de négocier ou non sur base du programme de la N-VA. Elio Di Rupo lui a répondu hier sur RTL qu’il fallait négocier sans que les francophones soient perdants. Cela veut dire qu’on est très loin d’un accord et que si on s’en réfère à ces deux déclarations les deux hommes ont plutôt tendance à s’éloigner qu’à se rapprocher. Si on décode bien l’interview d’Elio Di Rupo avec Gregory Willocq hier soir, on retiendra 3 points :
1. Le président du PS juge que la NVa est bien la responsable du blocage. C’est la première fois que nous négocions avec un parti qui veut non pas trouver une solution pour la Belgique mais faire un pas vers l’indépendance de la Flandre. Nous n’avons pas droit à l’erreur dit-il.
2. Il met en garde contre un gouvernement économique qui serait plus à droite que le gouvernement sortant. Pas de gouvernement anti-social, ce n’est pas aux citoyens de payer deux fois la crise. Si vous avez un peu de mémoire, ce sont des termes qu’on avait déjà entendu lors de la campagne électorale.
3. Le calendrier de Johan Vande Lanotte. Il se donne jusqu’à mercredi, a glissé Elio Di Rupo, indiquant qu’il avait eu le conciliateur quelques minutes plus tôt au téléphone.
Quand vous mettez tous ces éléments ensemble vous comprenez que nous sommes dans un phase de grande tension, et que mercredi risque d’être une nouvelle journée déterminante. Pour l’instant la mission de Johan Vande Lanotte ressemble plutôt à un constat d’échec. Les 34.000 manifestants dans la rue n’y changeront rien. Au contraire: à ce stade, la manifestation n’a produit que l’effet inverse de celui souhaité par ses promoteurs. Sous la pression de la rue, les deux camps semblent se radicaliser.
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