C'est toujours délicat d'écrire un article sur une personne qui vient de décéder. Je laisse à votre appréciation si Le Soir y a réussi. Je ne connaissais pas la personne.
LE SOIR
Décès de Jean-Paul Dumont, ténor égaré du Barreau
MARC METDEPENNINGEN
dimanche 22 mars 2009, 18:46
Le décès, survenu dans la nuit de samedi à dimanche, du Bruxellois Jean-Paul Dumont, 56 ans, a été suivi d’une de ces agitations judiciaires dont il aimait se gausser alors qu’il plaidait devant les cours d’assises.
Le médecin légiste Frédéric Bonbled et les services de la police scientifique ont été dépêchés à son domicile forestois pour « fermer les portes » et s’assurer que la mort d’un des pénalistes les plus célèbres et les plus controversés du barreau bruxellois ne résultait pas d’un suicide, voire – pire – d’un crime. Il n’en serait rien. Me Jean-Paul Dumont, dont la santé était altérée depuis plusieurs années, semble être décédé d’un arrêt cardiaque, consécutif à la fatalité et aux excès dont il se commettait depuis trop longtemps.
Au palais de Justice de Bruxelles, on l’adulait ou on le honnissait. Cet avocat pénaliste - appartenant à une caste honnie par tant d’autres avocats - ne laissait pas indifférent. Sa faconde, sa « zwanzerie » aux audiences heurtaient ou séduisaient, sans jamais dissimuler les qualités reconnues par ses pairs de fin juriste et de plaideur redoutable, capable de convaincre un jury (il fut à la barre de plusieurs dizaines de cours d’assises) ou d’emporter la conviction des juges correctionnels devant lesquels il défendit durant plus de 30 ans tout ce que la truanderie bruxelloise ou d’ailleurs comptait. L’un de ses plus grands succès fut sans conteste l’acquittement d’Alex Zeyen, en 1994, présenté comme l’un des complices de Patrick Haemers lors de l’enlèvement de Paul Vanden Boyenants. On le vit aux côtés de l’avocat Systermans, engagé dans les Tueries du Brabant ou encore dans l’affaire Graindorge et tant d’autres.
Jean-Paul Dumont venait d’être condamné, il y a quelques jours, par la Cour d’appel de Bruxelles dans une sombre affaire d’extorsion de fonds commise à l’encontre d’un de ses clients. Il n’avait jamais digéré cette condamnation, se promettant de restaurer son honneur.
Son lustre de plaideur avait été terni par ses engagements politiques. Autrefois conseiller communal à Uccle, député bruxellois du PSC, membre de sa faction droitière du CEPIC, Jean-Paul Dumont ne s’était jamais désolidarisé de ses options politiques à la frange de l’extrême-droite. Avocat des dissidents du FN, attaché parlementaire d’un élu wallon d’extrême-droite, il avait été récemment porté à la fonction de secrétaire général d’un parti confidentiel, le FNB, créé par Paul Arku (ex-Vlaams Blok et FN). Il sévissait aussi dans les pages du journal satirico-grossier-droitier « Père Ubu ». Un grand pénaliste, mais un piètre politicien…