LE SOIR
Le nouveau visage du BEL 20
MARC CHARLET
samedi 22 novembre 2008, 14:40
LE NETTOYAGE de janvier approche. Fortis pourrait basculer hors de l’indice vedette d’Euronext Bruxelles.
Les déboires de Fortis, mais aussi de Dexia et de KBC ont eu pour effet de donner au BEL 20 une connotation nettement moins bancaire.
© KRISTOF VAN ACCOM/BELGA.
Le BEL 20, l’indice phare d’Euronext Bruxelles, n’est plus ce qu’il était. Ce qui frappe le plus l’investisseur particulier, c’est que, depuis le début de l’année, il a chuté de 55 %. Il a subi une cure d’amaigrissement très sévère, mais, en plus, il n’a plus du tout le même visage. Par exemple, il y a deux ans, les trois valeurs bancaires, c’est-à-dire Fortis, Dexia et KBC, intervenaient pour 40 % dans la pondération de l’indice. Douze mois plus tard, elles en pesaient encore 34 %. Ce jeudi, leur part globale était tombée à… 11 %.
Pourquoi cette contraction ? Il y a, essentiellement, la chute de la capitalisation boursière des trois institutions financières. Le cas le plus éclairant est celui de Fortis. Avec un cours qui s’est écrasé à 0,64 euro, sa capitalisation (le nombre d’actions multiplié par le cours en Bourse) est tombée à 1,5 milliard d’euros, alors qu’au printemps 2007, avant le début de ses malheurs, elle s’établissait à 82 milliards. Or, ce sont précisément – pour faire simple – la capitalisation boursière (et plus précisément le « free float », c’est-à-dire la part négociable en Bourse de cette capitalisation) et le volume des transactions qui déterminent la part attribuée à chacun des 19 actions composant le BEL 20. Fin 2006, Fortis occupait le 2e rang (derrière Suez), avec 15,17 %, et jeudi, avec 1,15 %, le titre se trouvait relégué à la 16e place.
Une place ô combien dangereuse, puisque Fortis, à l’heure actuelle, ne précède que de peu les trois « relégables ». Il faut savoir en effet qu’en janvier, les responsables d’Euronext Bruxelles vont procéder à un « toilettage » de l’indice.
Cette opération consiste à faire descendre en division 2, c’est-à-dire dans la catégorie des « mid caps » (les capitalisations moyennes), les valeurs dont on estime qu’elles n’ont plus leur place en division 1 (celle des « large caps », appelées également « blue chips ») et à faire monter en première catégorie, les champions de la seconde division, ainsi qu’à attribuer à chacun la nouvelle quote-part dans l’indice.
Pour l’instant, s’agissant de la descente de la division 1 vers la 2, on parle des deux ou trois derniers du classement actuel, à savoir Nyrstar, Agfa-Gevaert et peut être Omega Pharma. D’ores et déjà, trois prétendants à la montée dans la division 1 ont été identifiés : Tessenderlo, Telenet et la sicafi Befimmo. Tous trois réuniraient les conditions pour cette promotion.
Reste aussi la question de savoir si GDF Suez a encore sa place dans notre indice national. Certes, le deuxième actionnaire de l’énergéticien français est belge (GBL) et il déploie encore une partie de ses activités (20 %) dans notre pays, mais est-ce une raison pour lui octroyer une place royale dans le BEL 20 ? A ce titre, d’autres sociétés étrangères pourraient y être incluses. Chacun sait que 99 % des transactions qui portent ce titre sont des ordres passés à Paris et non à Bruxelles.
Si l’on excepte le groupe français, quatre sociétés s’arrogent la moitié du BEL 20 : ABInbev, Delhaize, GBL et Belgacom. Voilà qui donne une allure beaucoup plus équilibrée à un indice censé représenter les valeurs les plus populaires de la place belge. Elles possèdent en outre comme caractéristique commune d’être dotées d’un (ou de plusieurs) actionnaire(s) de contrôle, ce qui leur a permis d’offrir une certaine résistance à la tempête boursière de ces dernières semaines.
Dans le classement actuel (daté du 19 novembre à la clôture), le premier groupe bancaire, KBC, n’occupe plus que le 7e rang et le deuxième, Dexia, figure en 10e position. Oublions Fortis, qui, détenteur d’un portefeuille hybride, ne peut plus être considéré comme un groupe bancaire. Il n’y a donc plus, dans le BEL 20, que deux « bancassureurs » et ils sont logés dans le ventre mou du classement. C’est-à-dire que le visage actuel du BEL 20 est totalement différent de celui qui était le sien il y a encore quelques mois et qu’il est beaucoup moins « bancaire » que la plupart de ses homologues européens.
Va-t-il pour autant être moins volatil ? Rien n’est moins sûr. Comme on a pu le constater ces dernières semaines, la dégringolade des cours touche sinon l’ensemble du moins la plupart des secteurs économiques. Aucun n’est vraiment à l’abri. En mars 2003, dans la foulée de l’éclatement de la bulle technologique, le BEL 20 était tombé à 1.460 points. Soit 400 points en dessous de son niveau actuel. La perspective de battre le record enregistré il y a cinq ans et demi ne peut être écartée.